QUELLE EGLISE VOULONS-NOUS?

 QUELLE EGLISE VOULONS-NOUS ?

A l’heure des relectures et bilans, après dix ans de présence des Frères missionnaires de Sainte Thérèse au service du doyenné de Jarnac -décennie que j’ai pu vivre en totalité avec vous- il est évident que se pose, de façon encore plus forte, des questions sur l’avenir de nos communautés chrétiennes. Nous avons voulu aller résolument vers la prise en charge commune de la mission chrétienne, avec tous, au nom de notre baptême et de la foi qui nous anime. Nous avons voulu nous inspirer du Nouveau Testament et de Vatican II. Partout nous avons voulu mettre en responsabilité  ceux qui prenaient en compte l’appel du Christ pour eux. Et nous avons vécu aux quatre coins du doyenné de belles réalisations où nous avons vu le Royaume de Dieu ici ou là en acte. Et nous ne pouvons qu’en rendre grâce.

Nous avons voulu rester ouverts au souffle de l’Esprit, en faisant confiance et en prenant des initiatives. Comment regarder la  situation actuelle de l’Eglise, sans peur ? En voyant nos communautés moins nombreuses, le nombre des enfants catéchisés diminuer et de plus en plus de personnes étrangères au message chrétien. Aujourd’hui, comment accompagner librement et solidement à la découverte du Christ, ceux et celles qui cherchent, qui attendent cette Bonne Nouvelle ?

Je lisais récemment sur le site du journal « La Croix » sous la plume d’ Isabelle de Gaulmyn : « Dans un avenir proche, il est évident que nous ne pourrons plus compter sur un nombre suffisant de ministres ordonnés pour animer toutes les communautés. Nos prêtres, harassés par leur charge de travail et proches d’une retraite amplement méritée, craignent de ne pas avoir de successeurs ». « Les signataires de cette lettre sont des laïcs catholiques. Ils animent les paroisses,  préparent des mariages, des baptêmes, s’occupent de funérailles… Tous sont engagés, depuis des années. Ils se sont formés, se sont adaptés aux premiers regroupements de paroisses, et « défoncés » pour leurs prêtres. Aujourd’hui, ils sont inquiets. Que demandent-ils à leur « frère évêque » ? De permettre « à des laïcs de célébrer des mariages ou baptêmes », de « pouvoir organiser des rassemblements hebdomadaires liturgiques dans chaque église sans prêtre»,  de «ne plus écarter les femmes du ministère»… Ce genre de « manifeste » se multiplie, un peu partout en France, notamment dans les diocèses ruraux, où le nombre de prêtres est dramatiquement bas. A chaque fois, c’est la même inquiétude, mais aussi une sorte de légitimité nouvelle : les laïcs ont joué le jeu, pris des responsabilités. Mais aujourd’hui, à tort ou à raison, ils ont le sentiment que le système tel qu’il est ne peut plus fonctionner. Leur exigence ? Une église proche, et non à 100 kilomètres. Une église ouverte chaque dimanche, qui puisse baptiser, marier, sans se livrer à des contorsions d’horaire pour obtenir la présence d’un curé qui dessert 50 paroisses. Une église qui assure ce « service public » sacramentel, sans lequel une religion n’est pas une religion. »

Que peut-on y ajouter ? Ce à quoi nous tenons vraiment : Vivre une Eglise de communion, celle qui existe depuis Jésus, celle qui refuse un fonctionnement hiérarchique pour la collégialité, celle de tous les « envoyés », c’est-à-dire des apôtres. C’est encore ce que nous nous sommes dit, il y a quelques jours, lors de la relecture de nos engagements chrétiens à la lumière de Vatican II, dans notre doyenné. Nous continuerons à vivre l’Evangile dans toutes les initiatives prises en fidélité à la Parole reçue.                                 

                                                                                                                                                    Laurent Maurin, prêtre