Quel est le cadeau de Pâque pour ce temps de crise?

Quel est le cadeau de la Pâque pour ce temps de crise ?

Je vous invite, pour le trouver, à relire notre veillée pascale.

A commencer par cet évangile. Il n’y a rien à voir dans ce récit, pas d’info en continu. Pas d’images qui nous saturent : Rien qu’un tombeau vide et quelques disciples, hommes et femmes, qui invitent à croire sans voir. Croire que la mort n’est pas le dernier mot mais qu’elle est un passage nécessaire. Impossible de s’y résoudre mais impossible aussi d’y échapper.

Expérience du passage personnel et unique pour chacun.

La Pâque du Christ nous place au cœur de notre condition humaine, toujours ambigüe, marquée par la pulsion de mort autant que par celle de vie, par la haine et par l’amour… Si nos expériences sont toujours plurielles, le passage est unique, personnel. C’est cette Pâque que nous célébrons. Celle du Christ est unique, notre participation à la sienne aussi parce que personne ne peut faire le passage à la place d’un autre mais, comme l’a rappelé le Concile, Dieu donne à tout homme, toute femme, de faire cette expérience qui devrait donc nous être familière, pour peu que nous y réfléchissions.

Expérience d’un monde à continuer de construire ensemble, pour tous.

Rappelez-vous au début de cette célébration, au fond du parc, sur les bords de la Charente, autour du feu nouveau. Dieu crée : il crée la lumière, il crée ce monde, il crée la vie. Et cela est bon. Il nous donne de bonnes choses : signe de son amour pour nous. Qu’en faisons-nous ? Que faisons nous de cette création que Dieu nous a confié ? Est-ce que nous savons la protéger et en prendre soin ? est-ce que nous savons la faire fructifier, la faire progresser ? et enfin est-ce que nous savons la partager de façon juste et équitable, non pas en propriétaire mais en serviteur ?

Expérience d’une traversée. Une traversée vers une promesse.

Rappelez-vous, nous avons traversé l’espace de cette abbaye, image de la traversée du peuple de Dieu derrière Moïse vers la terre promise. Au cœur de cette traversée nous avons trouvé l’eau, comme une source qui recrée, qui sauve. Cette promesse elle s’est réalisée pour le peuple de Dieu, comme pour Jésus. Et pourtant, à travers quelles épreuves : 40 ans dans le désert pour l’un, trahison, crucifixion, mise au tombeau pour l’autre !

Cette pâque est une invitation à traverser. Dans un monde en crise, quels repères trouver ? Nous n’en avons qu’un seul : l’itinéraire du Christ. Jeudi, son repas : comment l’a-t-il vécu sachant qu’il allait être trahi ? Il s’est retrouvé seul dans son agonie... ses amis dormaient ! N’oublions pas l’agonie est un combat. Vendredi : le fils de Dieu condamné pour blasphème ! La nuit du tombeau... qui s’achève par la lumière de la résurrection. Mais c’est bien le crucifié qui est vivant, ses plaies en sont le signe

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Expérience d’une espérance.

Cette Pâque est aussi un appel à espérer. Non à partir d’un optimisme béat mais par la traversée de la complexité du réel, comme le Christ. Nous ne vivons pas une semaine sacrée, mais sainte parce que Dieu s’est mêlé à notre vie. Le profane n’existe plus. Il n’y a plus de lieu séparé pour le divin. Chaque instant de notre vie est une invitation à passer à la suite du Christ. Non pas en devenant parfait, nous n’y arriverions jamais, ce n’est pas par hasard si le tombeau vide se découvre de nuit ! mais en assumant nos vies, nos choix, nos zones d’ombres… Tout l’humain, parfois contradictoire, est assumé par Dieu... Telle est notre espérance ! Telle est notre foi qui prend corps dans la nuit de Pâque. Pour nous, pour aujourd’hui et pour demain.

 

Fr. Laurent