Volmunster

 

JOUR DE L’ASCENSION, Sigogne

MESSE AVEC NOS AMIS DE VOLMUNSTER… 1939 – 2009

« Voici qu’en nos églises, nous fêtons l’Ascension de Jésus qui monte au Ciel s’assoir à la droite de Dieu. Lui, avec son corps d’homme, corps glorifié. Le même corps qui porte la marque des clous et de la lance – non pas un corps de fantôme – mais un corps qui s’est fatigué sur les routes de Palestine, après avoir pris chair de la Vierge Marie, donc pleinement l’un des nôtres, qui prend la tête de la foule immense des humains. Il nous ouvre une brèche sur le chemin du Ciel, il oriente nos yeux vers cette espérance que nous pourrons nous aussi aller, par la même brèche dans le mur de la mort, jusqu’au Royaume des Cieux ».

Ces mots ne sont pas de moi. Ils sont du Père Gérard Henner, curé de Volmunster pendant quinze ans, acteur du jumelage entre nos deux paroisses et communes et ami de Sigogne, disparu brutalement il y a deux ans. Il les avait prononcés il y a tout juste dix ans, pour la fête de l’Ascension, alors que les Volmunsterois recevaient alors les Sigognais, chez eux. Dix ans après, alors qu’il est passé à son tour par cette brèche ouverte par le Christ, nous sommes confrontés à notre même histoire commune, aux mêmes Ecritures Bibliques et à notre même amitié tissée depuis des décennies. Ce soir, c’est tout cela que nous célébrons dans la joie devant le Seigneur.

Le corps de Jésus à son Ascension est donc bien ce corps usé, fatigué, meurtri, crucifié. C’est ce corps là qui entre dans la Gloire de Dieu, qui est glorifié ! Rejoignant ainsi tous les corps maltraités, martyrisés, malades, rejetés de notre humanité.

J’oserais pourtant continuer le chemin que la Père Henner avait ouvert dans son homélie, il y a dix ans. Nous avons entendu à plusieurs reprises, la promesse du Christ faite à ses disciples : vous allez recevoir une force, une force d’en haut, la force de l’Esprit Saint. Ce don est indissociable de la séparation de l’être aimé, Jésus, de ses disciples. Ce don il est indissociable aussi de ce corps meurtri par la haine et la violence qu’il a subies. Et comment ne pas penser à vous ? Amis de Volmunster, vous avez vécu de plein fouet toutes nos guerres européennes. Jusqu’à celle, la dernière, qui vous a jetés sur les routes et conduits jusqu’ici à Sigogne. Votre commune, votre population, a enduré les plus fortes épreuves, les plus grands malheurs et non seulement vous êtes restés fidèles à la foi, à Dieu, mais en plus vous avez vraiment reçu cette force qui vous a permis de reconstruire, de repartir, de croire en l’avenir, alors que tout autour de vous n’était que destruction. Alors que nous, ici, en Charente, à l’abri des grands malheurs, nous nous sommes largement détournés de cette espérance et de cette foi… et nous nous sommes bien peu serrés les coudes pour mener ensemble des projets communs pour le bien de tous…

« Il se peut, continuait Gérard Henner, que nos ancêtres lorrains aient connu ce sentiment de détresse quand, en 1939, ils ont été jetés sur les routes. La Charente leur a été fraternelle alors, et 60 ans après, c’est encore une même reconnaissance et ce même souvenir qui permet nos retrouvailles aujourd’hui »… La clé elle est sûrement là : ne restons pas à regarder le Ciel, comme les apôtres le jour de l’Ascension lorsque le Christ disparaît à leurs yeux. C’est ici, par nos gestes de fraternités, d’amitié, de soutient que le Christ revient déjà au milieu de nous. C’est dans l’accueil que nous avons fait, que nous faisons et que nous referons, que se réalisera quelque chose du Royaume de Dieu sur terre, Royaume de paix, d’amour et d’espérance.                                                                     Fr. Laurent